Abdallah Aourik :’’ Ce n’est pas la matière qui fait l’artiste mais c’est l’artiste qui doit manipuler la matière ’’


M’bark Chbani
Vendredi 1 Février 2013

Abdallah Aourik :’’ Ce n’est pas la matière qui fait l’artiste mais c’est l’artiste qui doit manipuler la matière ’’
Artiste-peintre et sculpteur qui vit et travaille à Agadir, sa ville natale, Abdallah Aourik  vient de rentrer de Belgique où s’est tenue sa dernière exposition. Ce fut en quelque sorte un pèlerinage pour cet artiste qui a passé plusieurs années en Belgique où il a d’ailleurs fait ses études. Entretien.
Libé : Vous avez organisé récemment une exposition en Belgique. Pourriez-vous nous en parler ?

Abdallah Aourik : J’ai tenu une exposition à Liège au mois de septembre 2012 sous le thème : « L’Arganistan ». J’ai exposé des tableaux sur les sept méthodes opératoires de l’extraction de l’huile d’argan : ‘’Azerg’’,’’Tafiyacht’’ et ’’Tazgmout’’. L’huile d’argan est un produit du terroir typiquement marocain qui mérite d’être encouragé. D’ailleurs, cette huile, de haute qualité, a aujourd’hui une renommée internationale. Ce produit phare du terroir soussi méritait bien qu’on en parle et qu’il fasse l’objet de l’une de mes  expositions.

C’est la première exposition que vous tenez en Belgique. Avez-vous eu d’autres activités en marge de cette exposition ?

Oui. J’en ai profité pour donner des conférences sur l’argan que les gens ne connaissent pas bien là-bas.

Vous êtes retourné récemment en Belgique pour une deuxième exposition. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Effectivement, je viens d’ailleurs de rentrer à Agadir. Cette fois, j’ai exposé à Aywaille au Sud de Liège, car c’est une ville qui compte beaucoup dans ma vie parce que c’est là où j’ai été accueilli par une famille belge au lendemain du terrible tremblement de terre qui a frappé la ville d’Agadir le 29 février 1960.

Racontez-nous un peu ces retrouvailles.

Là-bas, les gens étaient tous très contents de revoir cet enfant qui avait à peine 14 ans à l’époque et qu’ils ont recueilli avec d’autres petits Gadiris. Cinquante-trois ans après cette terrible catastrophe, ils étaient très fiers de voir que j’ai fait du chemin et que je suis devenu artiste. J’ai rencontré de vieux amis d’enfance, des camarades de jeux...C’était vraiment très émouvant, car c’est grâce à ma famille d’accueil que j’ai pu faire des études et devenir ce qui je suis aujourd’hui. Donc, exposer dans cette ville représente beaucoup pour moi aussi bien sur le plan artistique qu’affectif.

Parlez-nous maintenant de cette deuxième exposition.

A travers cette exposition, j’ai donc voulu rendre un grand hommage aux habitants d’Aywaille. J’ai choisi exclusivement des dessins et des sculptures en bronze. J’ai emporté des sculptures que j’ai pu couler, là-bas, dans du bronze. Cela coûte très cher, mais c’est un honneur pour un artiste-sculpteur d’avoir des œuvres en bronze. C’est d’ailleurs la première fois que j’expose des sculptures en bronze.

Comptez-vous, à l’avenir, exposer vos œuvres dans d’autres villes belges ?

Bien sûr. Je compte d’ailleurs y aller  l’année prochaine pour d’autres expositions et notamment à Bruxelles. Il y a aussi des villes comme Anvers et Charleroi où j’aimerais exposer. C’est des villes où il y a une forte communauté marocaine à laquelle je souhaite rendre visite pour lui montrer  mes œuvres.

Avez-vous actuellement une exposition en vue ?

Oui.  Là, je vais préparer une nouvelle exposition de dessins parce que le dessin est en train de gagner du terrain. Certes, il y a la peinture, mais le dessin au crayon ou à l’encre de Chine a acquis de la valeur aujourd’hui. Je vais exposer également des sculptures parce que ma dernière exposition à Agadir avec Chantal Tronquit a eu beaucoup de succès. Les artistes qui l’ont visitée m’ont encouragé à continuer parce que la sculpture est un peu méconnue au Maroc. On a besoin de toutes les formes d’art (figuratif, abstrait, cubisme,...). Il y a des choses qu’on peut faire avec de la ferraille, et beaucoup d’autres supports parce qu’en fait, ce n’est pas la matière qui fait l’artiste, mais c’est l’artiste qui doit manipuler la matière, et c’est un peu cela notre rôle. A nous de maîtriser la matière et ne pas la laisser nous dominer. Et c’est là un petit peu le message. On a tellement de choses (objets perdus, objets gâchés…). On peut donc créer énormément. Je pense que ce domaine-là est extraordinaire. Concernant mes nouvelles œuvres, j’espère le faire le printemps prochain, si c’est possible car il y a d’autres expositions que je dois préparer pour l’Europe notamment.


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